Parlons du Fujifilm X half

Aujourd'hui, Amaryllis Lachapelle nous partage son plaisir (et quelques clichés) tiré de son expérience avec le Fujifilm X half... un appareil numérique conçu comme un appareil argentique !

Un appareil différent, et ô combien charmant !

Le Fujifilm X half, le dernier-né de Fujifilm, est un appareil intriguant, qui ne fait pas de RAW, seulement du JPG avec un capteur 1 po de 18 mégapixels. Il n'a aucun mode rafale, un viseur optique, presque aucun contrôle physique, et possède un mode dans lequel il prend nos photos en otage jusqu'à ce qu'on en ait pris 36, 54 ou 72, tout en nous empêchant de cadrer avec l'écran!

J'ai le Fujifilm X half depuis maintenant un mois, j'ai eu la chance de l'emporter avec moi partout, et me voici prête à vous faire découvrir ce petit appareil merveilleux pour qui sait regarder plus loin que les spécifications techniques.

Un peu de contexte

Je tiens à mentionner, avant quoi que ce soit d'autre, que je n'ai jamais personnellement utilisé de vrai appareil argentique. Mes parents m'achetaient un appareil jetable avant chaque voyage, mais je n'ai jamais possédé d'appareil rechargeable à film.

Cela dit, j'ai des souvenirs très nets d'aller porter l'appareil jetable chez Familiprix et d'aller chercher les photos développées une semaine plus tard. Le jour où nous allions les ramasser, c'était un peu comme Noël ! On avait hâte de voir le résultat, et j'ouvrais souvent l'enveloppe dans la voiture sur le chemin du retour, au grand désespoir de ma mère.

Le Fujifilm X half me remplit de nostalgie et me donne ce même sentiment de prendre les photos, de ne pas savoir à quoi m'attendre, et d'avoir hâte de les "développer". J'utilise le mien presque exclusivement en mode appareil à film pour cette raison (plus de détails plus loin).

Mais c'est quoi, le X half ?

Le Fujifilm X half a l'âme d'un appareil argentique, tout en étant numérique. On peut l'utiliser comme un appareil compact bien normal, auquel cas on pourra le contrôler comme un compact à focale fixe (un équivalent de 32mm, dans ce cas, avec un format vertical par défaut) ayant des fonctions manuelles. Comme mentionné plus tôt, il a un capteur de 18 mégapixels et ne possède aucune fonction RAW.

Une fois l'appareil en main, on peut choisir une simulation de film parmi les plus populaires chez Fujifilm, ou on peut sélectionner un filtre, comme la fuite de lumière, les couleurs rétro, le film expiré. Je vous avoue que j'ai souvent beaucoup de plaisir à essayer ces modes, mais que je préfère tout de même utiliser les simulations de film. Ensuite, on peut soit prendre une photo... ou on peut glisser un doigt de haut en bas sur l'écran tactile et mettre l'appareil en mode film. L'appareil verrouillera alors le filtre ou la simulation pour 36, 54 ou 72 poses (qu'on peut choisir, et qu'on peut aussi interrompre si on veut, mais ça brise le plaisir :p), nous demandera si on veut utiliser le mode priorité ouverture ou automatique, et nous permettra, si on le désire, d'étamper la date directement sur l'image. Par la suite, l'écran ne servira qu'à afficher quelques informations, comme le nombre de photos prises sur ce "rouleau", ou la distance de mise au point. Impossible de l'utiliser pour cadrer, il faut utiliser le viseur optique.

Une expérience pas comme les autres

Et c'est là la beauté de la chose. On ne peut pas réviser chaque photo après l'avoir prise, ce qui nous garde dans le moment, et on ne peut pas changer de style en plein milieu d'un "rouleau". Les limitations me forcent à être créative; si j'ai choisi d'utiliser Classic Negative, par exemple, je dois garder en tête que cette simulation de film est très contrastée, avec des couleurs un peu différentes de la réalité. Je choisis donc mon sujet en conséquent et j'accepte ce style pour un "rouleau" en entier, comme les photographes argentiques du passé.

Une fois ma photo prise, je dois "avancer le film" comme sur un vieil appareil à film, ce qui limite la vitesse à laquelle je peux photographier à nouveau. Ce qui est merveilleux, c'est que ça me force à penser à chaque photo, pas d'un point de vue technique, mais d'un point de vue de composition. Est-ce que mon sujet est intéressant ? Est-ce que ça vaut la peine de prendre la photo ? Est-ce que je serais mieux d'attendre le moment décisif, qu'une personne traverse mon cadre et ajoute un élément humain à la photo ? Toutes des questions qu'on se pose moins quand on peut prendre 10 photos ou plus par seconde, mais qui prennent plus d'importance quand on a 36 photos et qu'on ne peut photographier qu'une fois aux 3 secondes.

Quand on a fini le "rouleau", il faut ensuite "développer" les photos en connectant l'appareil à l'application dédiée, car même si on appuie sur le bouton pour voir les photos, celles-ci sont cachées ! Mais soyez rassurés : ça prend 30 secondes gros max pour la connexion, et les photos se transfèrent ensuite sur le téléphone ou la tablette. L'idée est qu'on fait une journée de photographie, puis qu'on "développe" une fois à la maison, ou en prenant une pause dans un café. Une fois les photos "développées", on y a accès via l'application ou via la galerie photo du téléphone ou de la tablette. On peut alors les partager, ou même créer des diptyques.

Un compagnon de tous les jours

Certainement, le Fujifilm X half n'est pas un appareil fait pour le sport, les photos d'action, le photojournalisme, ou même le portrait en studio. Par contre, il montre toute sa valeur dans le fait qu'il est petit, léger (un gros 240g) et facile à toujours avoir sur soi. Il permet de laisser le téléphone dans le sac pendant qu'on photographie et de se concentrer sur l'instant présent, et le plaisir de son utilisation donne envie de l'apporter même si on va juste à un rendez-vous chez le dentiste.

Utilisé ainsi, il est là lorsqu'on aperçoit une belle lumière au coin de la rue, un paysage époustouflant une fois la côte montée, ou un banc de brouillard pendant une marche près du fleuve. Il est présent quand la nièce souffle ses sixièmes bougies ou quand on croise un ami dans la rue par hasard. Il permet de documenter une marche matinale dans le voisinage ou une randonnée dans un parc national.

Ce n'est définitivement pas l'appareil qui saura trouver sa place auprès de chaque photographe, mais chaque photographe qui lui aura donné cette place aura l'occasion d'immortaliser des moments précieux, sans distraction causée par les notifications des téléphones.

Donnez-lui une chance, et il sera là pour vous. Bonne photo!